Scrutin du 27 septembre : entre irrégularités et divergences, une incompréhension manifeste s’est installée entre les principales institutions électorales

2025-10-02 16:16:00
Le scrutin du 27 septembre 2025, censé consolider la vie démocratique au Gabon, a été marqué par de nombreuses irrégularités constatées dans plusieurs bureaux de vote à travers le pays.
Parmi les anomalies relevées figurent le défaut d’isoloir, le déplacement d’urnes hors des bureaux de vote sans autorisation, la découverte de lots d’enveloppes accolées en surnombre par rapport aux émargements et aux inscrits, l’absence ou l’insuffisance de bulletins de certains candidats ainsi que la transhumance d’électeurs d’un bureau à un autre. Ces dysfonctionnements ont sérieusement entaché la crédibilité du processus électoral et nourri un sentiment de méfiance dans l’opinion publique. De nombreux acteurs politiques et observateurs indépendants se sont exprimés de manière défavorable, mettant en cause la transparence et l’équité du scrutin. Face à cette situation, l’opinion nationale attendait une réaction claire et coordonnée des institutions en charge du processus électoral : le ministère de l’Intérieur, l’Autorité de Contrôle des Élections et du Référendum (ACER) et la Commission Nationale d’Organisation et de Coordination des Élections et du Référendum (CNOCER).
À la surprise générale, une incompréhension manifeste s’est installée entre les deux principales institutions électorales. Alors que la CNOCER, présidée par Herman Immongault, a présenté un bilan globalement positif du scrutin, estimant que seules quelques perturbations isolées avaient été constatées dans trois bureaux de vote suite à l’irruption d’individus malintentionnés, l’ACER a, au contraire, dressé un constat sévère. Dans une déclaration officielle du 30 septembre 2025, son président, le Dr Wenceslas Mamboundou, a parlé d’« irrégularités matérielles, judiciaires et comportementales », mettant en cause à la fois les populations, les agents électoraux et certains acteurs politiques. L’ACER a dénoncé la distribution tardive des cartes d’électeurs, l’absence de listes d’affichage et de multiples défaillances organisationnelles. En conséquence, elle a exigé la reprise des élections dans sept circonscriptions clés, dont Ntoum, Lékoni-Lékori, Dienga, Douigny, ainsi que dans certaines zones du Woleu-Ntem et même à l’étranger (bureau de Rennes en France). Cette divergence de lecture entre l’ACER et la CNOCER alimente la confusion et accentue la méfiance des citoyens à l’égard de leurs institutions.
Les perspectives qui se dessinent à l’issue de cette crise électorale sont multiples et incertaines. Si la position de l’ACER devait être prise en compte, une reprise partielle du scrutin pourrait avoir lieu dans les circonscriptions concernées, au prix d’un allongement du processus et d’une remise en cause de certains résultats déjà proclamés. À l’inverse, si la CNOCER et le ministère de l’Intérieur maintiennent leur lecture d’une élection « globalement réussie », la tension risque de s’accroître avec l’opposition et une partie de la société civile, qui pourraient alors contester la légitimité des institutions élues. Le dilemme est donc clair : privilégier la stabilité politique au risque de perdre en crédibilité démocratique, ou accepter une reprise partielle du scrutin pour restaurer la confiance dans le processus électoral. Dans tous les cas, cette situation met en lumière la nécessité urgente de réformer et de renforcer les mécanismes de transparence et de contrôle électoral, afin d’éviter que de telles divergences institutionnelles ne viennent fragiliser davantage la démocratie gabonaise.