Café-Cacao : le Gabon signe une percée historique et crédibilise sa stratégie de diversification économique

2025-07-22 12:30:00
Avec une hausse spectaculaire des ventes et une gestion rigoureuse validée par la Caistab, la filière agricole retrouve des couleurs et repositionne le Gabon comme acteur crédible de l’agro-industrie régionale.
Dans un contexte de relance économique post-transition, le Gabon vient d’enregistrer une avancée significative dans l’un des secteurs les plus négligés des dernières décennies : l’agriculture. Les ventes de café et de cacao ont explosé, passant de 36 millions à plus de 162 millions de FCFA en une seule année, selon les chiffres validés lors du conseil d’administration de la Caistab, tenu le 18 juillet 2025 sous la présidence de Jean-Maurice Ayine.
Ce bond spectaculaire est plus qu’un simple succès conjoncturel : il symbolise la réussite d’une stratégie multisectorielle, axée sur la restructuration des filières, la gouvernance renforcée, et la reconquête des marchés internationaux. Il conforte aussi la volonté du Président de la République, Brice Clotaire Oligui Nguema, de diversifier l’économie gabonaise en libérant le potentiel productif national.
Une gouvernance agricole en mutation
L’une des grandes leçons de cette performance est l’importance accordée désormais à la transparence et à la rigueur institutionnelle. Le conseil d’administration de la Caistab a validé l’arrêté des comptes pour l’exercice 2024, qui affiche un résultat net excédentaire de plus de 2 milliards de FCFA. Ce chiffre, remarquable dans un secteur historiquement sous-performant, témoigne d’une gestion assainie et pragmatique, désormais tournée vers l'efficacité opérationnelle.
L’annonce de la prochaine nomination d’un commissaire aux comptes, à la demande du conseil, s’inscrit dans cette dynamique de professionnalisation. Elle vise à renforcer la crédibilité de l’institution, condition essentielle pour mobiliser davantage d’investisseurs, de bailleurs techniques et de partenaires bilatéraux.
Une relance portée par l’organisation de la chaîne de valeur
Derrière les résultats chiffrés, c’est tout un écosystème agricole qui semble renaître. Trois leviers principaux ont été identifiés :
- Le soutien à la relance des plantations, avec des incitations financières destinées aux petits producteurs ;
- L’amélioration de la qualité des produits, grâce à des sessions de formation technique plus nombreuses et plus ciblées ;
- Une stratégie commerciale réorientée vers des marchés porteurs, à la fois sous-régionaux et internationaux.
« Le quadruplement des ventes en un an illustre une dynamique de relance sectorielle réussie. C’est un signal fort pour les acteurs de la chaîne agricole nationale », analyse un enseignant-chercheur en économie agricole à l’Université Omar Bongo (UOB). « Mais pour que cette dynamique soit structurelle, elle devra être accompagnée par des politiques publiques d’investissement pérennes et une lutte constante contre les intermédiaires informels qui siphonnent la valeur ajoutée ».
Une pierre de plus dans la stratégie de diversification nationale
Cette embellie intervient à un moment stratégique. Le gouvernement de Transition multiplie les signaux favorables en matière de diversification économique, dans un pays encore trop dépendant de la rente pétrolière. La réussite de la filière café-cacao constitue un cas d’école que d’autres segments agricoles – palmier à huile, banane, manioc, maraîchage – peuvent désormais chercher à reproduire.
Plus encore, cette performance agricole peut servir de levier d’inclusion sociale, notamment en milieu rural, en stimulant l’emploi, la formation technique, et le retour à la terre chez les jeunes. Elle permettrait ainsi de concrétiser l’un des objectifs de la Ve République : faire de l’agriculture un pilier souverain de la sécurité alimentaire et de la croissance inclusive.
Le regain de forme de la Caistab et l’explosion des ventes de café-cacao ne sont pas de simples indicateurs techniques. Ils marquent le retour d’un État stratège, capable d’organiser, d’orienter et d’optimiser des chaînes de valeur longtemps négligées. Reste désormais à inscrire cette relance dans la durée, à élargir son spectre, et à consolider les bases d’une véritable souveraineté agricole gabonaise.