Grande Mayumba : 731 000 hectares de forêt gabonaise sous contrôle d’une société étrangère, un rapport accablant interpelle le gouvernement



2025-08-26 14:11:00

Le 20 août 2025, l’ONG Croissance Saine Environnement a publié un rapport qui fait trembler les sphères politiques et économiques gabonaises. Pointant du doigt la société African Conservation Development Group (ACDG), ce document dénonce l’attribution d’une concession forestière de 731 000 hectares au sud du Gabon, soit 3 % du territoire national, sans consultation des populations locales ni appel d’offres transparent. Baptisé « Grande Mayumba », ce projet dépasse la taille cumulée de Brunei, Singapour et Luxembourg, et soulève des interrogations majeures sur la gestion des ressources naturelles du pays.



Le projet Grande Mayumba, initié en 2011 sous l’ère Ali Bongo, a vu l’État s’associer à SFM Africa Ltd. pour créer la Grande Mayumba Development Company (GMDC), dont 34 % du capital était public. À l’origine, Alan Bernstein, homme d’affaires sud-africain, promettait une diversification ambitieuse : usine de transformation du bois, lodges écotouristiques, ferme ostréicole et plantation sucrière capable de produire 250 000 tonnes par an. Quinze ans plus tard, le rapport révèle que l’exploitation forestière intensive a été la seule activité réellement mise en œuvre, souvent sur des terres ancestrales, loin des promesses de développement durable.

Le document met également en lumière la dimension diplomatique et financière du projet. À partir de 2019, Ali Bongo, après un AVC, mise sur la diplomatie environnementale pour redorer son image. Sous l’impulsion de Lee White, alors ministre de l’Environnement, des mécanismes de monétisation des crédits carbone ont été mis en place. Selon le rapport, la société ACDG aurait servi de laboratoire pour la vente de crédits carbone, prétendant éviter l’émission de 200 000 tonnes de CO₂, dans une opacité totale, excluant les ONG locales et la société civile.

Depuis 2022, après le retrait d’Alan Bernstein, de nouveaux dirigeants, la famille iranienne Sarikhani, Guy Weston et un certain Blondel, auraient pris le contrôle de la société, entretenant des relations étroites avec le pouvoir. Lee White et son collaborateur Josh Ponte représenteraient aujourd’hui ACDG dans la commercialisation de ces crédits carbone. Croissance Saine Environnement appelle le ministre des Eaux et Forêts, Maurice Ntossui Allogo, à revoir l’octroi de cette concession et à garantir une gestion transparente, tout en rappelant les promesses non tenues qui ont marqué ce projet depuis sa création.