Guinée : un référendum constitutionnel qui ouvre la voie à la présidentielle de décembre

2025-10-03 15:35:00
En Guinée, le référendum du 21 septembre 2025 sur la nouvelle Constitution s’est transformé en plébiscite pour le général Mamadi Doumbouya et son gouvernement. Selon les résultats officiels, validés par la Cour suprême, le « oui » l’a emporté à près de 90 %, avec un taux de participation annoncé de plus de 86 %
La loi fondamentale adoptée redessine les institutions du pays. Elle instaure un mandat présidentiel de sept ans, renouvelable une seule fois, crée un Sénat aux côtés de l’Assemblée nationale, et met en place une Cour spéciale de justice compétente pour juger les plus hauts responsables de l’État. Elle renforce aussi les droits fondamentaux, tout en levant l’interdiction faite aux membres de la junte de se présenter à l’élection présidentielle, ouvrant ainsi la voie à une éventuelle candidature de Mamadi Doumbouya.
Si le gouvernement présente ce vote comme une étape cruciale vers la fin de la transition et le retour à l’ordre constitutionnel, l’opposition dénonce un scrutin biaisé. Plusieurs partis avaient été suspendus ou entravés, certains leaders politiques et figures de la société civile réduits au silence, et des appels au boycott avaient marqué la campagne. Des ONG et observateurs évoquent des fraudes et des pressions locales, tandis que le pouvoir assure que le scrutin s’est déroulé dans le calme et reflète « la volonté du peuple guinéen ».
Avec la promulgation de la nouvelle Constitution, la transition entre dans sa phase décisive. Un décret présidentiel a fixé la première élection présidentielle post-coup d’État au 28 décembre 2025. Cette échéance doit marquer la fin de la transition ouverte en 2021 et le retour à un pouvoir civil.
Reste une question centrale : Mamadi Doumbouya sera-t-il candidat ? Initialement engagé à ne pas briguer la présidence, il bénéficie désormais d’un texte qui lui permet de se présenter. Un choix qui conditionnera largement la crédibilité du processus électoral, tant aux yeux des Guinéens que de la communauté internationale.
Entre l’espoir d’une refondation démocratique et les soupçons de confiscation du pouvoir, la Guinée se trouve à un tournant. Le référendum a tracé la voie, mais c’est l’élection présidentielle de décembre qui dira si la transition aboutira réellement à un retour durable à la légitimité démocratique.