Albanie : “Diella”, la première ministre virtuelle au monde nommée pour combattre la corruption



2025-09-19 14:21:00

L’Albanie a surpris la communauté internationale en nommant Diella, une intelligence artificielle incarnée par un avatar féminin, au poste inédit de « ministre virtuelle des marchés publics ».



Une première mondiale qui vise à lutter contre la corruption, moderniser l’administration et envoyer un signal fort à l’Union européenne.


Le nom Diella, qui signifie soleil en albanais, n’est pas inconnu des citoyens. Depuis janvier 2025, l’IA assistait déjà les usagers du portail en ligne e-Albania pour leurs démarches administratives. Elle aurait permis de traiter plus de 36 600 documents numériques et fourni près de 1 000 services en ligne.

Désormais, elle change de dimension en entrant officiellement dans le gouvernement. Présentée sous forme d’avatar animé, Diella n’a pas d’existence physique mais devient, selon le Premier ministre Edi Rama, « le premier membre du gouvernement qui n’est pas présent physiquement mais créé virtuellement par intelligence artificielle ». La mission principale confiée à Diella est la supervision des appels d’offres publics, un secteur particulièrement sensible en Albanie. Edi Rama a assuré que son rôle permettra de rendre « chaque fonds public soumis à la procédure d’appel d’offres parfaitement transparent » et « 100 % incorruptible ».

Pour le gouvernement, l’automatisation et la traçabilité numérique devraient réduire considérablement les risques de favoritisme et de détournements, qui ternissent régulièrement l’image du pays.

Au-delà de l’innovation technologique, la nomination de Diella a aussi une portée politique. L’Albanie, candidate à l’Union Européenne, est régulièrement critiquée pour ses faiblesses institutionnelles et la persistance de la corruption. En présentant cette ministre virtuelle, Tirana entend démontrer sa volonté de réforme et espère accélérer son processus d’adhésion, que le gouvernement vise d’ici 2030.


Si l’initiative séduit par son originalité, elle suscite également des interrogations. Des juristes doutent de la constitutionnalité d’un tel poste, réservé normalement à des citoyens responsables devant le Parlement. D’autres pointent les risques liés aux biais algorithmiques, au manque de supervision humaine ou encore au flou sur la responsabilité en cas d’erreur. Certains observateurs estiment enfin que cette nomination pourrait n’être qu’un coup politique symbolique, destiné à séduire l’opinion et Bruxelles, sans impact réel sur les racines de la corruption.

En confiant à Diella un portefeuille ministériel, l’Albanie inaugure une expérience inédite à l’échelle mondiale. Si l’IA parvient à remplir sa mission, elle pourrait ouvrir la voie à une nouvelle ère de gouvernance numérique. Mais si elle échoue, elle risque de rester une vitrine technologique sans effet concret. Dans les prochains mois, le monde observera attentivement cette ministre pas comme les autres, censée incarner l’avenir de l’administration publique.


L’expérience albanaise pourrait inspirer d’autres nations, notamment en Afrique où la numérisation de l’administration est en pleine expansion. Le Gabon, par exemple, qui s’est engagé dans une modernisation de ses services publics et une lutte contre la corruption, pourrait tirer parti d’outils d’intelligence artificielle pour renforcer la transparence dans la gestion des ressources publiques. De même, d’autres pays en développement pourraient envisager des projets similaires, à condition de trouver un équilibre : utiliser l’IA comme un outil de soutien et de contrôle, sans pour autant remplacer l’humain dans ses fonctions de décision, de responsabilité et de proximité avec les citoyens.